Julien Chorier, 38 ans, fait figure de pionnier dans le paysage des ultra-trailers français. Double vainqueur du Grand Raid de la Réunion, de l’Ultra-Trail du Mont Fuji, du Madeira Island Ultra Trail ou encore de la rugueuse Hardrock Hundred Endurance Run, il fait parti des meilleurs athlètes français et internationaux sur ce format XXL en trail. Au plus haut niveau depuis plus de 10 ans maintenant, il ne compte pas s’en arrêter là… Rencontre avec un athlète passionné pour qui, la pratique du trail doit rester avant tout un plaisir et un équilibre de vie.
La tête sur les épaules avant tout
Ingénieur bâtiment et génie civil de formation, Julien Chorier a d’abord choisi un temps partiel pour vivre sa passion du trail avant de s’y consacrer à 100% depuis 2014. Il a créé sa propre société pour diverses missions : conseiller technique pour le développement du trail auprès de Val Thorens, team coordinateur du team Hoka One One France, dont il est également athlète, et accompagnateur en moyenne montagne pour des stages trail. Ces différentes casquettes lui permettent aujourd’hui de vivre pleinement de sa passion du trail tout en profitant de sa famille. « Mon équilibre passe avant tout par une vie familiale épanouie. Si je voulais continuer à m’entrainer comme je l’entendais, il fallait que je réduise mes heures de travail au risque sinon, d’altérer le temps que je passe avec ma femme et mes deux filles. C’est à ce moment-là, que j’ai décidé de lancer ma société pour pouvoir vivre ma passion à 100%. »
Mon équilibre passe avant tout par une vie familiale épanouie
Julien en reconnaissance sur le parcours de la MaxiRace
Dix années au plus haut-niveau
Ex-cycliste de niveau national, Julien s’est laissé tenter par le trail fin 2006 sous l’impulsion de ses collègues de travail. « Je me suis retrouvé inscrit d’abord sur le Tour du lac du Bourget (devenue la Grande Course du Lac) en relais puis sur la Saintélyon prévue initialement en relais à deux… sauf que mon collègue s’est blessé au dernier moment. Je me suis donc inscrit en solo pour ce qui était mon premier trail de plus de 50 km. Habitué des départs rapides en courses de vélo, je me suis retrouvé devant pendant une trentaine de kilomètres avant de temporiser pour finir finalement 7ème. » Une première expérience qui en appelait d'autres...
L’année suivante en 2007, il s’inscrit et gagne la CCC® à Chamonix, une belle surprise. La même année sur le Tour des Glaciers de la Vanoise, il croise un certain François d’Haene lui aussi au départ et annoncé comme un des favoris. Malheureusement blessé ce dernier sera contraint à l’abandon. Julien gagnera devant des grands noms du trail : Dawa Sherpa, Benoit Laval… L’histoire est en marche et 12 ans après, plusieurs milliers de kilomètres parcourus, le mental est toujours là et le physique aussi !
Respecter son corps
Faire du trail et en particulier de l’ultra-trail demande de l’expérience et une approche par la progression. « Tu peux ajouter 1h ou 2h d’entrainement hebdomadaire en plus tous les ans mais le coureur qui passe de 6 à 15h en une année a 9 chances sur 10 de se blesser. La progressivité sur la charge d’entraînement est fondamentale. J’ajouterai également qu’il faut se limiter à un nombre raisonnable d’ultra-trails chaque année. On voit des coureurs enchainer les courses… Et puis on ne les voit plus pendant deux ans. »
La progressivité sur la charge d’entraînement est fondamentale
La préparation est importante mais la récupération l’est tout autant surtout après un ultra-trail !
« Pour récupérer d’un UTMB® il faut au moins 45 jours. Ce qui ne veut pas dire aucune activité au contraire ! Il faut simplement rester vigilant et à l’écoute de son corps. Ne pas hésiter à lever le pied, prendre le temps et laisser son corps récupérer. Il est vrai qu’après plusieurs années de pratique, j’arrive à mieux récupérer après un ultra-trail. »
Pour récupérer d’un UTMB® il faut au moins 45 jours
Changer d'approche en 2018
Après 10 ans de « routine » sur ultra-trail, Julien a eu besoin d’un coup de boost dans sa motivation. Il a tout d’abord changé d’entraineur. « J’étais rentré dans une certaine facilité à l’entrainement. J’avais envie de voir autre chose, et de pourquoi pas, franchir un nouveau cap. Quand je vois des coureurs de ma génération comme Ludo Pommeret ou Manu Meyssat, je me suis dit que c’était le moment ou jamais de le faire. »
J’étais rentré dans une certaine facilité à l’entrainement
Mais choisir c’est renoncer et Julien l’a bien compris. Il souhaitait courir le marathon de Londres cette année mais son entraineur le lui a déconseillé. « J’adore aller courir les ultras de début d’année, Hong Kong 100 etc… J’aurais aussi aimé refaire un marathon au printemps (ndlr : Julien a déjà couru 2h35 à Paris en 2015) cette année mais j’ai décidé de faire une année de transition en reprenant correctement les bases pendant tout l’hiver sans course importante. 2018 est une année de transition avec des courses moins longues. Ce sont des courses « à la journée » qui permettent une récupération plus rapide qu’un ultra de 180 km qui dure généralement 24h ou plus. J’avais envie de revenir sur ces formats plus courts avec en parallèle un projet personnel qui me tient à cœur depuis longtemps : le Grand Tour de Tarentaise. Ce projet, je l'ai imaginé depuis plusieurs années en prévision du Tor des Géants, une course qui m'attire beaucoup. Mais c'est un autre monde encore... Il faut savoir gérer tous les paramètres d'un ultra-trail avec en plus le sommeil, le matériel, et d'autres. »
Le Tor des Géants est une course qui m'attire beaucoup
Mais pas question d’arrêter la compétition pour autant ! « Ce projet-là je l’ai volontairement placé dans une période sans compétition. Il servira à la fois d’entrainement et permettra d’offrir un projet inédit et une belle visibilité médiatique à mes partenaires. Mais cela ne remplacera pas la compétition qui me pousse à me dépasser chaque jour à l’entraînement. »
Après plus de 10 ans à sillonner les plus beaux spots de la planète, Julien garde en tête deux souvenirs qui l'ont particulièrement marqué. « Je garde deux très bons souvenirs : ma victoire à la Diagonale des Fous et la Hardrock qui sont deux courses qui demandent de l'engagement physique. À la seule différence près qu'il n'y a pas l'engouement populaire de la Réunion à la Hardrock. J'ai eu en plus la chance de vivre la course et l'arrivée avec ma famille, c'est toujours des moments forts en émotions. »
Je garde deux très bons souvenirs :
ma victoire à la Diagonale des Fous et à la Hardrock
Cette année pas d'ultra sur 24h mais on retrouvera Julien sur des courses de haut niveau et sur son projet le Grand Tour de Tarentaise, un bon moyen de relancer une carrière déjà bien étoffée.
Calendrier 2018 :
27 mai : Ultra-Race – 116.5 km | 7360 m D+
30 juin : 90km du Mont-Blanc – 91 km | 6220 m D+
27 au 29 juillet : Grand Tour de Tarentaise (projet perso) – 273 km | 18 000 m D+
29 Août : TDS® - 121 km | 7300 m D+
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