Née le 20 Avril 1972 en Belgique, rien ne prédisposait Vanessa François à vivre au contact permanent de la montagne. Infirmière en réanimation à Lille elle est une mordue de sport comme le vélo, la course à pied et la natation. C’est en découvrant le massif du Mont-Blanc que Vanessa François comprend, comme une évidence que sa vie est ici. Pourtant cette passion respectueuse de la montagne s’arrête brutalement le 29 Avril 2010 dans la face sud de l’Aiguille du Midi, un bloc de neige très compact se détache et lui brise la colonne vertébrale. Si Vanessa François perd l’usage de ses jambes son goût de la montagne et des grands espaces reste intact.
"J’ai eu tellement de moments forts qui sont ancrés en moi"
Rédaction : Vanessa sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ? Sur quel projet ?
Vanessa François : Pour l’instant je me maintiens physiquement en faisant du vélo. Ceci étant j’ai un projet de Kayak en Norvège mais rien n’est encore bien défini. De toute façon il faut que je retrouve la forme avant ça.
Rédaction : Qu’est-ce qui vous a amené dans la vallée de Chamonix ?
Vanessa François : J’ai découvert la vallée par hasard, j’avais envie de me changer les idées et c’est à Chamonix que je me suis retrouvée. Ça a tout de suite été un coup de cœur, pour le cadre et pour l’Alpinisme que j’ai commencé à pratiquer avec mon guide Dominique Ripoll. J’ai trouvé dans l’Alpinisme un bon moyen de m’exprimer et d’être moi-même. Au final je me suis installée ici en fin 2002.
Rédaction : L’Alpinisme vous manque ?
Vanessa François : Non pas vraiment parce qu’on avance dans la vie, et puis j’ai tellement eu de moments forts qui sont ancrés en moi… Ce sont des moments magiques.
Rédaction : Avec le recul pensez-vous qu’il aurait été possible d’éviter l’accident le 29 Avril 2010 ?
Vanessa François : Non, il n’y avait jamais eu ce type d’accident dans la face et il y avait du monde ce jour-là pour grimper. Personne ne l’avait prévu.
"La montagne nous donne tellement, qu’il faut la respecter"
Rédaction : Votre expérience est d’une grande richesse pour les néophytes notamment, il vous arrive de donner des conseils ?
Vanessa François : Oui ça m’arrive de temps à autres dans une discussion.
Rédaction : Quel genre de conseils ?
Vanessa François : Des conseils de sécurité bien sûr, mais aussi de se faire plaisir.
Rédaction : La protection de la montagne (et globalement de l’environnement) est quelque chose qui vous tient à cœur ?
Vanessa François :Bien sûr, mais vous savez la montagne nous donne tellement qu’il faut la respecter. Et puis de toute façon dans la vie de tous les jours je crois qu’il est temps de respecter notre environnement.
Rédaction : Suffisamment de choses sont faites dans ce sens ?
Vanessa François : Des choses sont faites mais souvent il s’agit d’actions ponctuelles qui ne sont sans doute pas suffisantes, mais encore une fois la protection de la montagne est de la responsabilité de chacun.
Rédaction : Parlez nous de votre Association « Vaness en moov ».
Vanessa François : J’ai créé cette Association pour réaliser le projet El Capitan, mais elle continue à m’aider aujourd’hui pour d’autres projets, notamment les projets d’autres grimpeurs à mobilité réduite.
Rédaction : Pour trouver des fonds ?
Vanessa François : Oui pour avoir des fonds mais aussi des conseils, des échanges d’expériences. Actuellement nous aidons une alpiniste Italienne, mais il y a aussi Anselin Margorie, un grimpeur de 19 ans infirme moteur cérébral, avec qui j’échange beaucoup.
Rédaction : L’expédition El Capitan dans le Yosemite c’était en 2013 ?
Vanessa François : Oui, c’est un souvenir inoubliable avec Liv Sansoz, Marion Poitevin, Fabien Dugit, Nicolas Potard et Victor Estragin. On est restés 5 jours en paroi, c’était vraiment sensationnel.
Rédaction : Il y a eu aussi le Groenland en 2016 !
Vanessa François : Oui c’était dans le cadre de l’expédition du Voilier ATKA qui était en hivernage près d’un petit village de 25 habitants. J’ai dormi sur la banquise, dans un tipi, j’ai fait du ski de fond, du traîneau à chien, c’était une aventure incroyable. Ce qui est magique là-bas c’est le silence et les paysages irréels.
Rédaction : Vous avez la nostalgie de la Belgique parfois ?
Vanessa François : Je suis un peu nostalgique de l’esprit décalé des Belges et des gens qui ne se prennent pas au sérieux.
Rédaction : C’est une caractéristique de la nature Belge ?
Vanessa François : Eh bien oui, de toute façon on est tellement petit qu’on ne peut pas faire grande chose !
Rédaction : Vous êtes toujours Belge ?
Vanessa François : Je suis toujours Belge oui, mais j’aimerais prendre la double Nationalité.
Rédaction : Vous êtes heureuse Vanessa ?
Vanessa François : Oui parce que j’ai des amis autour de moi.
Merci beaucoup Vanessa !
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