Par la voix de son directeur général, Pierre-Henri Paillasson, la FFME nous livre les enjeux sportifs et financiers de l’entrée de l’escalade au programme des Jeux Olympiques d’été.
Pulsations : Pierre-Henri pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Pierre-Henri Paillasson : Professeur de sport, je travaille à la FFME depuis 1992. Entraîneur national d’escalade pendant 8 ans puis Directeur Technique National et depuis 5 ans Directeur Général. Avant de travailler à la FFME, j’étais Guide et moniteur de ski à Ailefroide et Puy St Vincent.
Pulsations: Avant de parler des J.O., pouvez-vous nous donner les grands chiffres de la FFME ?
PHP : La FFME a été créé en 1946 comme beaucoup de fédérations sportives. Actuellement nous comptons 93000 adhérents, effectif qui ne cesse de croître depuis plus de 10 ans. Cette évolution est due au fort développement de l’escalade en salles et des compétitions. La construction de plus de 3000 murs d’escalade en France est directement en lien avec la forte progression de cette activité. Ce chiffre encore modeste, ne serait-ce que par rapport au 36000 communes en France, nous montre que l’escalade n’est encore qu’au début de son développement. Au début l’escalade de difficulté était l’unique modèle pour le développement de l’escalade indoor, mais depuis quelques années les salles de blocs, moins chères, plus facile à construire et plus rentables fleurissent dans toute la France. Concernant la vitesse, nous avons toujours un peu du mal à la développer malgré les excellents résultats de nos équipes de France et les atouts de cette discipline notamment pour la simplicité de mise en œuvre et la sécurité de l’enseignement dans le milieu scolaire. La FFME compte environ 300 compétitions à son calendrier officiel, plus de 500 en comptant l’ensemble des compétitions promotionnelles, qui se déroulent dans les clubs et les salles privées.
Pulsations: L’escalade sera au programme des prochains J.O. de 2020. Pouvez-vous nous rappeler le long process qui permet à l’IFSC de devenir une fédération olympique ?
PHP : En effet le process a été long. Nous avons commencé à organiser des compétitions en escalade en 1985. Aussi étonnant que cela paraisse nous étions un certain nombre, dès cette époque à penser que l’escalade pouvait devenir olympique. La première étape était de développer des compétitions dans le monde entier, car l’universalité d’une pratique sportive est le point de départ pour devenir sport olympique. La FFME a été très active dans ce domaine. Avec l’aide de l’état, la FFME pendant presque 10 ans a participé à un programme d’échanges internationaux, et a accéléré fortement grâce à cela le développement de l’escalade de compétition en Amérique du sud, mais surtout en Asie. L’étape suivante a été de démontrer au CIO, que l’escalade avait sa place dans le programme olympique, ici encore la France a été très active en organisant des évènements dignes du niveau olympique. L’étape de coupe du monde de Chamonix a largement contribué à cette notoriété, en devenant rapidement un modèle d’organisation pour l’IFSC. L’organisation des championnats du monde en 2012 à Paris Bercy, en présence de deux évaluateurs du CIO a aussi marqué les esprits. Entre temps l’IFSC a été créé en sortant de l’Union Internationale des Association d’Alpinisme (UIAA) en 2006, une année plus tard l’IFSC est reconnue par le CIO. L’escalade devient olympique en août 2016, 10 ans après la création de sa fédération internationale, une performance incroyable que seule une activité hors du commun peut espérer.
Pulsations: Quelles seront les disciplines concernées ?
PHP : Le format olympique pour 2020 à Tokyo, sera basé sur les trois disciplines de l’escalade (vitesse, difficulté et bloc). Ce choix de l’IFSC n’est pas le plus simple à réaliser, mais il a l’avantage de permettre la poursuite du développement de l’ensemble des spécialités de l’escalade, avec un objectif pour 2024 : avoir une médaille sur chacune des trois disciplines.
Pulsations: Sous quelles formes la compétition va-t-elle se dérouler ?
PHP : Des qualifications et une finale avec les trois disciplines. Un premier tour de qualification avec 20 athlètes et une finale à 6 athlètes. Le calcul du classement sera basé sur la multiplication des places obtenues dans chaque discipline, ce qui laisse mathématiquement une grande place aux spécialistes des disciplines. L’objectif étant que le vainqueur de la médaille d’or soit considéré comme le meilleur grimpeur du monde, ce qui ne pouvait pas être le cas avec un grimpeur polyvalent dans un combiné classique.
Pulsations: Quel est le projet sportif pour la FFME ? Avez-vous déjà flécher des athlètes ?
PHP : La préparation Olympique pour 2020, va se dérouler sur le pôle France de Voiron. Nous pensons déjà à certains athlètes, mais comme le format olympique est finalement une nouvelle discipline, nous attendons l’organisation en novembre à SaintEtienne du premier sélectif au format olympique, pour confirmer ou pas nos prévisions en la matière.
Pulsations: Avez-vous déjà des ambitions de médailles ?
PHP : La FFME se prépare et va préparer ses athlètes pour relever le défi d’une médaille d’or à Tokyo. Cet objectif, fait partie du plan stratégique de la FFME, sur lequel notre Président Pierre YOU s’est fait élire, ce qui veut clairement dire que le programme olympique au sein de la FFME sera une priorité.
Pulsations: Quel est l’impact pour la FFME ? (aide de l’état, subvention, partenariat, construction de mur…).
PHP : Pour le moment l’impact est surtout une augmentation importante du volume des dossiers à traiter ! La recherche de partenariats et de subventions en fait partie, notamment dans un premier temps pour permettre aux équipes de France d’avoir de nouveaux équipements pour s’entrainer aux trois disciplines dans un même lieu. Le deuxième temps sera d’aider financièrement les athlètes, afin qu’ils puissent s’entrainer de manière intensive, en ayant le minimum de soucis matériel à résoudre durant la préparation olympique. Un énorme challenge nous attend, le compte à rebours a déjà démarré, et nous serons prêts en août 2020 pour gagner la première médaille d’or de l’escalade aux J.O. de Tokyo
article à retrouver sur Pulsations Magazine #22 (Club des Sports de Chamonix)