La marque annécienne Salomon a fait un grand pas vers le futur en 2017 en dévoilant au grand public sa dernière innovation le projet ME:sh, une chaussure de running entièrement personnalisable. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur le concept et l’essence de ce projet démarré il y a plusieurs années déjà… Rencontre avec Jean-Yves Couput, le directeur du projet ME:sh qui revient sur les débuts de la réflexion.
Changer le business modèle de la chaussure
Le projet Salomon ME:sh est le fruit d’un travail de plusieurs années des équipes R&D Salomon. Pour rappel, la marque est née en 1947 à Annecy et a toujours été avant-gardiste dans l’équipement pour les activités de plein air en montagne, que ce soit avec le ski à ses débuts puis les sports d’été dans les années 2000 et le trail plus récemment. Salomon accompagne également depuis de nombreuses années les meilleurs athlètes dans leur quête vers la performance, on pense notamment aux exploits du catalan Kilian Jornet mais aussi aux autres : François D’haene, Emelie Forsberg, Julien Lizeroux… pour ne citer qu’eux !
"Il y a dix ans c’était l’âge d’or de l’industrie du footwear" Jean-Yves Couput, directeur du projet ME:sh
L’histoire ME:sh a démarré par une prise de conscience de l'évolution du contexte socio-économique en Asie. « Il y a dix ans c’était l’âge d’or de l’industrie du footwear (= industrie de la chaussure) », note Jean-Yves Couput. Avec un coût de la main d’œuvre qualifiée très bas en Asie, des nombreuses usines et un taux de change très favorable, tous les feux étaient au vert pour des fabricants comme Salomon. Mais depuis, « l’environnement économique a beaucoup changé » et a impacté autant le taux de change que la hausse du coût de la main d’œuvre… Il a dont fallu changer de paradigme pour ne plus dépendre de ces paramètres liés aux coûts de production.
Parallèlement, on assiste à l’émergence d’une conscience collective pour une plus grande responsabilité sociale, ce qu’on appelle aussi « environmentally friendly » en anglais. Autrement dit, la tendance est de réduire son impact sur l’environnement, autrement dit, réduire les temps et coûts de transport par exemple.
Tous ces éléments-là ont contribué à repenser complètement le business modèle de la chaussure !
C'est là que les équipes Salomon réfléchissent alors à la « chaussure de demain » : ils font le pari qu'« elle serait fabriquée par des robots autour du pied du consommateur » donc une production proche du consommateur.
Mais comment serait-elle fabriquée ? Par quels moyens ? À quel endroit ? Et surtout quels bénéfices utilisateurs pourrait-elle apporter ?
"Je veux des chaussures pour courir comme les animaux !" Kilian Jornet à l'arrivée de son record au Lac Tahoe en 2009
Kilian et les animaux
Dans le même temps, Kilian (Jornet) a commencé à mettre en place et réaliser ses premiers défis, appelés Kilian’s Quest. Jean Yves Couput était là en 2009 quand il a fait son défi autour du Lac Tahoe aux États-Unis couru en 38h32min, un record qu’il détient toujours ! À l’époque Kilian court avec des produits de gamme mais ce qui a marqué les équipes Salomon présentes à l’arrivée, c’était sa réaction : « Ce que j’ai le plus vu pendant la course ce sont des animaux. Et ils m’ont tous donné la même impression : ils arrivent à se déplacer dans la nature de manière complètement intuitive sans même regarder où ils posent leurs pattes. Moi, j’ai eu mal aux pieds et au bout de 10h j’étais obligé de regarder où je posais mes pieds. Je veux donc des chaussures pour courir comme les animaux ! »
Kilian lors de son record autour du Lac Tahoe aux États-Unis
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Vers le chemin de la customisation
Partant de ces constats, les ingénieurs Salomon se mettent à développer des produits running plus confortables et conçus autour du pied. La démarche de customisation pour les athlètes a véritablement commencé à ce moment-là, du moins pour le département running ! (Car le process était déjà en place pour les chaussures de ski… depuis plus de 30 ans).
Et puis un jour, Kilian leur lance : « Pourquoi vous ne le proposez pas à tout le monde ? »
Les équipes, un peu interloquées, lui répondent que la fabrication d’une chaussure de running customisée nécessite 35h de travail et un prix impossible à tenir pour le marché du grand public. Impossible donc de le proposer au grand public à ce moment-là.
L’idée : proposer une chaussure customisée, co-créée avec le client et produite en local !
Les technologies et l’industrie progressant, les équipes Salomon commencent à réfléchir sur la conception d’une nouvelle chaussure. C’est à ce moment-là que le projet Salomon ME:sh entre en action. L’idée : proposer une chaussure customisée, co-créée avec le client et produite en local !
L’histoire ME:sh relie donc deux courants très forts qui ont guidé les équipes R&D vers ce projet-là : d’une part, l’évolution socio-économique en Asie et la prise de conscience collective de limiter l’impact sur l’environnement et d’autre part, les sollicitations, parfois surréalistes de l’extraterrestre Kilian Jornet, qui poussent les équipes Salomon à sans cesse redoubler d’ingéniosité et de créativité dans les produits.
La semaine prochaine, nous parlerons plus concrètement du projet ME:sh et le parti-pris d’une production en local.
De Lucy à Kilian, le documentaire produit par Salomon explique la naissance du projet
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