Originaire du village du Reposoir sur les hauteurs de la vallée de l’Arve, Nathan Paulin est aujourd’hui l’un des meilleurs Slackliner du monde. C’est avec cette discipline, très proche du funambulisme, que Nathan Paulin et le Tchèque Danny Mensik ont établi un nouveau record du monde en parcourant une ligne de 1020 mètres de long à 600 mètres de haut : c’était en Avril 2016 près d’Aiglun dans les Alpes de Haute-Provence. Si Nathan Paulin évolue aujourd’hui au cœur de l’Elite Internationale il reste plus que jamais sérieux et appliqué car dans cette discipline il ne faut pas avoir la tête dans les nuages.
"Je n'ai jamais eu de passion aussi forte"
Rédaction : Quel est le terme approprié pour parler de votre discipline, Funambule de l’extrême ou Slackeur ?
Nathan Paulin : On peut dire Slackline, c’est vraiment le nom de cette discipline et puis je n’aime pas trop le terme de Funambule de l’extrême car on n’est pas plus extrême que n’importe quel Funambule. De toute façon marcher sur une sangle s’appelle la Slackline.
Rédaction : Vous avez hésité entre la Slackline et une autre discipline ?
Nathan Paulin : Je n’ai jamais eu de passion aussi forte. J’ai fait du ski de randonnée, des trails, mais la Slackline est rapidement devenue exclusive.
Rédaction : Comment se prépare-t-on pour marcher dans le vide ?
Nathan Paulin : Il faut beaucoup d’entraînement, faire et refaire des longueurs soit en marchant au ras du sol ou dans le vide mais c’est une technique qui ne se perd pas, un peu comme le vélo. Pour l’endurance c’est autre chose, il faut garder une bonne forme physique car c’est un sport exigeant.
Rédaction : Vous n’avez pas du tout le vertige ? même un peu !
Nathan Paulin : Quand j’étais jeune j’avais une forme de vertige qui s’est estompée avec la pratique, et puis j’ai appris à faire confiance au matériel. Ceux qui doutent de leur matériel n’arrivent à rien de bon. Ceci étant je ne suis pas tout le temps hyper à l’aise!
Rédaction : Parlez-nous du matériel, de quoi est faite la Highline ?
Nathan Paulin : La sangle est en polyester, elle fait 2,5 cm de large. Ceci étant et pour des questions de sécurité on utilise deux sangles attachées l’une à l’autre pour ne faire au final qu’un seul élément. Si une sangle cède il reste la deuxième.
Rédaction : Après votre record du monde, pensez-vous qu’il soit possible de faire encore plus long et encore plus haut ?
Nathan Paulin : Je pense qu’il est possible de faire plus long. En fait quand on établit un record c’est sur la longueur, pas vraiment sur la hauteur. Il y a des projets pour cet été et le record sera sûrement battu mais je suis content car il aura tenu plus de 1 an. C’est la première fois qu’un record tient aussi longtemps dans cette discipline. J’en profite pour saluer Danny Mensik avec qui je le partage.
Rédaction : parlons de vos projets !
Nathan Paulin : J’ai plusieurs festivals et rassemblements de Slackline en France, des évènements en Chine, des démonstrations, notamment chez moi au Reposoir. Pour la première fois je vais tendre une ligne entre le clocher et un bâtiment à proximité. J’ai prévu ça pour le 16 Juin.
Rédaction : Un record du monde est-il possible au pays du Mont-Blanc
Nathan Paulin : Alors oui je pense que c’est possible, il y a toutes les configurations nécessaires. Après c’est compliqué pour avoir les autorisations, nous sommes dans une région où il y a beaucoup de secours en montagne avec les Hélicoptères, sans parler de l’aviation civile.
Rédaction : Mais vous y pensez quand même ?
Nathan Paulin : Je ne pense pas en particulier à un record du monde ici mais il y a plusieurs lignes que j’aimerais installer dans les aiguilles de Chamonix. En fait il est possible de relier toutes les aiguilles de Chamonix, ce serait un beau projet. Après c’est une grosse expédition avec une vingtaine de personnes (notamment des Alpinistes) difficile à mettre en œuvre dans le massif du Mont-Blanc ou les accès sont assez compliqués, beaucoup plus que dans le sud où on arrive facilement au sommet des falaises.
Rédaction : Quel est votre principal ennemi ? Le Vent ?
Nathan Paulin : Le vent peut-être un ennemi et un allié en même temps car un léger vent empêche la sangle de bouger sous les pieds. Evidemment quand il y a beaucoup de vent cela pose des problèmes mais surtout lors de l’installation du matériel. En fait le pire ennemi c’est plutôt l’orage qui peut détruire la ligne.
Rédaction : Vous êtes heureux sur un fil, dans le vide ?
Nathan Paulin : Quand j’ai fait le record du monde je n’étais pas particulièrement heureux sur le fil à cause du stress, mais la plupart du temps je le suis, je m’amuse et c’est pour ça que je le fais.
Photo : Nathan Paulin chez lui au Reposoir, © John Antoine Milhomme