En juin dernier, on apprenait que l'Etat et l'entreprise ferroviaire avaient signé début avril, en catimini, le contrat de performance réseau.
L'Etat s'est engagé à financer les investissements ferroviaires à hauteur de 2,8 milliards d'euros.
Une somme bien en-deçà des besoins.
Plusieurs experts estiment qu'il manque 1 milliard d'euros annuels pour maintenir les infrastructures en état. L'avenir des petites lignes et de plusieurs lignes moyennes serait en jeu.
Youri Dervin, vice-président de l’Association Rail Dauphiné Savoie Léman (ARDSL), est également en désaccord avec ce contrat.
Il souhaite un engagement financier plus massifs de la part de l’État car la France n’est pas à la hauteur dans ce domaine comparée à ses voisins européens.
L'Italie investit deux fois plus dans ses infrastructures ferroviaires, l'Allemagne, trois fois plus, la Suisse, dix fois plus.
ITG Youri Dervin 1 - Manque financement SNCF (31'')Si les demandes formulées par les associations d'utilisateurs et les recommandations des experts ne sont pas prises en compte, alors Youri Dervin ne serait pas opposé à une entrée d’actionnaires privés au capital de la SNCF par le biais d'un partenariat public-privé.
Ce n’est pas l’idéal selon lui, mais si cela permet d’améliorer les conditions de trajet des utilisateurs, il sera en faveur du projet.
ITG Youri Dervin 2 - Manque financement SNCF (30'')Les associations ne sont pas les seules mécontentes de ce contrat.
Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, souhaiterait 100 milliards d’euros sur 15 ans. Cela représente un peu moins de 7 milliards d’euros par an, soit plus du double que ce que prévoient les investissements annoncés.
Les syndicats, à l’image de la CGT, dénoncent eux aussi ce manque de financement.
Selon Antoine Fatiga, responsable Transports CGT pour les Deux Savoie, il faudrait des investissements importants dans les infrastructures mais également dans les effectifs pour pouvoir maintenir et améliorer l’état du réseau.
ITG Antoine Fatiga 3 - Manque financement SNCF Pour Antoine Fatiga, ce manque d'engagement étatique en matière ferroviaire est également une aberration écologique pour les Pays de Savoie.
Dans la vallée de l'Arve, tristement connue pour sa pollution de l'air, la voie ferrée n'a toujours pas été doublée, et cela n'est pas prévu.
De plus, au moment où des travaux de rénovation vont être réalisés dans le tunnel du Mont-Blanc, tous les camions et toutes les voitures vont se reporter sur celui du Fréjus. La vallée de la Maurienne sera alors encore plus polluée.
Antoine Fatiga souhaite que le tunnel Lyon-Turin soit terminé le plus rapidement possible afin de désengorger les routes.
Les sénateurs, eux, se sont emparé du dossier : ils ont prévu de mener des auditions pendant l'été.
Ils avaient émis des réserves et des recommandations quand le texte n'était pas encore signé. Malgré cela, l'Etat a poursuivi sur sa lancée, sans rien modifier.